Loilufy, celle qui vit de ses passions : l'art et l'illustration


Aimer et être passionné par son métier sont les principales conditions d’une carrière épanouie. Fy RANAIVOSON aka Loilufy, notre invitée de cet interview, a la chance de pouvoir vivre de sa passion. Son amour pour l’art et le dessin, ses efforts ainsi que ses engagements l’ont emmenée haut. De petite fille émerveillée devant les animations à jeune femme passionnée de l'illustration, Loilufy est aujourd’hui une artiste visuelle, conceptrice d’illustrations et de personnages.

En quoi consiste exactement votre métier ?

Loilufy : Je fais généralement des travaux d’illustrations, de concept art et de design de personnages pour des livres de jeunesse, des publicités de marque, des magazines, Visuels Social Media, supports pédagogiques, etc…

L’illustration est le meilleur moyen de marquer les esprits. De ce fait, j’aide les marques, les auteurs, les entreprises, les agences, les organisations, … à illuminer et à booster leur communication de façon spectaculaire afin qu’ils puissent avoir des directions artistiques et illustrations visuelles qui séduisent leur public cible. Je fais rêver mes lecteurs à travers des émotions à la fois positives et magiques dans leurs quotidiens, parce que " une image vaut mille mots. "

Voici mes zones d’activité : art et illustration, character design et digital painting, illustration éditoriale et publicitaire, livre de jeunesse, illustration de marque et social media advertising/merchandise, NFT Art…


Comment avez-vous découvert votre talent pour le dessin ? 

Loilufy : J’ai toujours été fascinée par l’univers du dessin depuis mon enfance. Bien sûr, à l’époque, j’étais influencée par les animations de Walt Disney, DreamWorks, Pixar,… et je le suis toujours d’ailleurs, mais j’ignorais encore que derrière ce monde magique vivaient vraiment des dessinateurs passionnés et créatifs. J’ignorais également que l’on pouvait vivre du dessin tout court. J’ai forgé mon talent en dessinant sur papier, à la traditionnelle. Ce n’est que plus tard, en 2017, que j’ai découvert le Digital Painting.

Dites-nous en plus sur vous et le Digital Painting

Loilufy : Comme je l’ai dit plus haut, j’ai découvert le Digital Painting en 2017. Vous savez, c’était comme cet instant où vous découvrez pour la première fois le logiciel Paint sur votre ordinateur, ça avait fait le même effet.

Pour pouvoir dessiner, il est primordial d’avoir une tablette graphique. Or, mes parents n’avaient pas encore les moyens de m’en payer une (ou peut-être qu’ils n’avaient aucune idée de la nécessité du matériel). De ce fait, j’ai dû faire mes preuves. Tout part de la passion, peu importe les obstacles. “Tous nos rêves peuvent devenir réalité, encore faut-il avoir le courage de les poursuivre" disait Walt Disney. Donc, je cherchais à tout prix un moyen d’améliorer mes travaux alors que je n’avais que mon Smartphone. Je dessinais mes sketches à la traditionnelle et je faisais l’encrage et tout le processus de colorgrading dans Artboard (Apk gratuit sur Smartphone Android).

À cette époque, j’avais déjà commencé à publier mon Art sur mon compte personnel et à perfectionner petit à petit mon style. Étant donné qu’ici à Madagascar il n’existe pas d’écoles ou d’instituts de beaux-arts, je me suis lancée en autodidacte en regardant des tutos et des vidéos sur Internet ; et en intégrant une communauté de passionnés d’art (Plum’Art) en 2017. Les partages entre dessinateurs m’ont beaucoup aidée durant mon processus d’apprentissage. Il y a des choses plus faciles à apprendre en communauté.

Pendant un à deux ans, ça ne m’a pas forcément rapporté des sommes raisonnables. Mais quelque temps après, une artiste (Niu Raza) m’a repérée lorsque je dessinais son portrait et m’a incitée à créer une page pour élargir mon public. J’ai constaté que les gens portaient beaucoup plus d’importance aux partages sur mes réseaux sociaux. Et c’est à travers cela que j’ai gagné en visibilité. Chaque partage, chaque réaction et les retours de ma communauté incitent les clients et potentiels clients à me contacter davantage. Je n’arrive toujours pas à croire qu’à présent, je peux travailler et gagner ma vie rien qu’en restant chez moi grâce à ma passion.


Voulez-vous nous résumer votre parcours pro ?

Loilufy : J’ai presque tout essayé du traditionnel au digital Art : que ce soit le portrait au crayon, l’aquarelle, la pierre noire, le pastel, le comics, le cartoon,... Finalement, j’ai décidé de me focaliser sur un style qui reflétait le plus ma personnalité avec beaucoup de pratique. J’ai fait en même temps des études académiques en communication et j’ignorais que l’illustration faisait partie du genre journalistique. C’est effectivement de la communication. L’illustration, c’est l’art de communiquer autrement. C’était le déclic et le combo parfait : utiliser l’illustration comme outil de communication.

J’ai commencé à avoir des contrats et des projets de l’Ambassade de France, de Youth First Madagascar, du magazine Politika,… et j’ai gagné des prix de création d’illustrations. J’ai déjà travaillé avec plusieurs marques, organisations, agences : Homeopharma, Salto, RedSakay, EISA, Edition Teny, etc…

En ce moment, je suis consultante dans une agence locale et travaille en même temps à mon propre compte en tant qu’artiste visuelle, conceptrice d’illustrations et de personnages (Visual Artist, character designer, Illustrator).

Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans votre activité ?

Loilufy : Je vole au gré des vents et des envies. J’apprivoise les projets et les rêves un peu fous qui me font pétiller, notamment des projets qui parlent de Madagascar et de ses merveilles et coutumes. Rien que de savoir que le fruit de mon travail voyage en Allemagne, en France, à Washington, au Missouri,… je ne peux qu’être fière.

By Loilufy

Et qu’est-ce qui est le plus dur ?

Loilufy : Trouver sa passion est une chose, mais réussir à en vivre pleinement, ce n’est pas toujours facile surtout en tant qu’illustrateur indépendant à Madagascar. On est dans un pays où l’art n’est pas considéré comme un métier. Cela fait des années que j’exerce cette activité et je n’arrête pas de recevoir des messages en vue d’une prestation gratuite. Et ceux qui ont un pouvoir d’achat un peu élevé dévalorisent ce secteur. Ce métier requiert beaucoup de patience et de persévérance, seuls les passionnés pourront y survivre !

De plus, on doit faire face à de nombreux enjeux : jongler entre apprentissage et travail, démarche administrative, devis et facture, TVA, création contenus, community management, projets et investissement… et oui, il faut tout apprendre !

Néanmoins, ce n’est pas le marché qui manque (car il y a pas mal de demandes), mais plutôt cette volonté de véhiculer le fait que l’illustration mérite bien sa place dans l’univers de la communication visuelle.

Quelle est la plus grosse difficulté que vous connaissez professionnellement ?

Loilufy : C’est quand je travaille sur un très grand projet, étant donné que je suis la seule responsable du concept art, direction artistique à la production. Cela te met beaucoup de pression. Et même avec une bonne organisation, les nuits blanches te rattrapent, car la qualité de ton travail ne doit pas changer. À ces moments, tu n’as qu’une chose en tête, c’est de pouvoir finir le projet à temps.

Est-ce un métier que vous êtes prête à exercer pour le restant de votre vie ?

Loilufy : Oui et non

Oui, parce que c’est la base de tout ce que j’ai pu faire jusque-là et de ce que je pourrais encore faire à l’avenir.

Et non, car je ne pourrais plus être opérationnelle d’ici 20 ans, 35 ans ou plus. Je ne voudrais en aucun cas faire disparaitre l’univers de Loilufy. J’aime entreprendre spécialement dans le secteur de l’illustration, mais je n’ai pas encore d’idées concrètes de la tournure que ça va prendre. Comme on dit : Stay connected*, le meilleur reste à venir !


Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent vivre de leur passion ?

Loilufy : Assume tes défauts et sois toi-même à travers ton univers, ta personnalité doit s’y refléter. Tu as beau avoir des compétences de Marie Ange ou de Frida Khalo, tant que tu n’as pas ce bout de toi, personne n’y verra que du feu ! Aussi, n’aie jamais peur de commettre des fautes, comme ça tu sais et tu ne referas plus les mêmes erreurs parce que ton art aura progressé. You want to be liked or you want to win, you choose !**


*Restez connectés

**Tu veux être aimé ou tu veux gagner, tu choisis !

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